Historique

« Avec la volonté de Dieu et l’aide du Fils et avec le support du Saint-Esprit. Moi, le serve de mon maître Jésus Christ, moi Petru Voievod, grâce à la pitié de Dieu devenu prince de la Moldavie, le fils de Stefan le prince le Vieux, Il a permis, avec ma volonté pendant la quatrième année de mon règne de bâtir ce monastère pour le nom du prélat et du bienfaiteur Nicolas, prieur étant Kir Grigorie, en 7038 (1530) le 16 octobre ».
Ce texte, ciselé en pierre, surveille l’entrée sud dans l’église consacrée à St. Nicolas du Monastère de Probota. Il ratifie la construction d’un nouveau bâtiment de culte, situé sur un nouvel emplacement, pour l’un des plus anciens monastères moldaves, enregistré dans les documents en 1391. La place de ce premier établissement n’est pas connue, la simple mention de son nom, St. Nicolas de Poiana, indiquant clairement sa situation au milieu d’une forêt. Dans quelques décennies, la position du monastère sera changée, l’église en bois étant remplacée par une église en pierre. Mais sa vie ne sera pas longue, elle non plus. Il parait qu’un cataclysme a conduit à son écroulement et à la reconstruction du bâtiment de culte sur la même place, par Stefan cel Mare (étienne le Grand). L’intérêt pour Probota est lié à l’inhumation de sa mère Oltea Maria dans le bâtiment antérieur, que les chercheurs attribuent toujours à elle. Un nouveau glissement de terrain conduit à la démolition de la construction de Stefan cel Mare à une date inconnue par nous. En 1530, Petru Rares prend la décision de refaire l’église, mais sur un terrain plus sûr : un plateau situé à environ 300 m ouest par rapport à l’ancien emplacement.
Caché dans la forêt, retiré par rapport à toute habitation, le monastère de Probota a été appelé par son fondateur, Petru Rares, le fils naturel de Stefan cel Mare, encouragé par son cousin Grigorie Rosca, l’hégoumène du monastère, qui, probablement, avait continué à fonctionner et à remplir le rôle de nécropole pour la nouvelle famille régnante, malgré les protestations des moines de Putna, qui se voyaient ainsi privés d’une série de privilèges. à sa mort, en septembre 1546, Petru Rares y sera enterré. Toujours ici il y a les tombeaux de son fils Stefan, prince entre 1551 et 1552, et de Madame Elena, la deuxième femme de Rares, la princesse de la famille serbe Brankovic, qui a aidé son mari dans les initiatives artistiques.
En 1550, Madame Elena et trois de ses fils, l’aîné Ilias, Stefan et Constantin, font construire autour de l’église une forte muraille d’enceinte, avec des tours de défense au sud-est et avec la tour de la porte sur le même côté oriental. Au-dessus de l’entrée il y a une élégante inscription en pierre, qui note le fait : « Moi, Petru Voievod, j’ai fait construire ce monument en 7083 [1530] et il a été achevé après sa mort par Madame Elena et ses fils, Ilias le Prince, Stefan et Constantin, en 7058 [1550] le 4 septembre ». à côté de l’église, la cour fermait, vers la partie nord-ouest, la pièce avec les vêtements, considérée longtemps la Maison princière, même si la situation dans le même édifice avec celui de la campanile aurait du indiquer une autre destination, mais aussi la Maison princière proprement-dite et les édifices du monastère : la réfectoire, les cellules du couvent, toutes groupées dans la moitié sud de la grande cour. L’organisation spatiale a été ainsi pensée pour que toutes les fonctions strictement sacrées soient net séparées de la vie courante dans un monastère princier de Moldavie : le logement temporaire pour le Prince, les bâtiments nécessaires à l’assemblée des moines.
Après la fin de la famille du fondateur, le monastère est devenu nécropole de boyards, de nombreux tombeaux des boyards et de leurs familles étant sous les pierres richement parés, en cryptes ou cercueils se trouvant dans des fosses simples, dans le pronaos ou dans la véranda fermée. Les plus importants appartenaient à la famille Stroici. Un inventaire funéraire extrêmement précieux a pu être récupéré, après les fouilles archéologiques, des sépulcres qui n’avaient pas été pillés ou qui avaient échappé à la hâte de ceux qui profanaient les tombeaux : des vêtements (un bonnet d’homme, une robe, un veston brodé et des chaussures de femme, tous faits en matériaux chers, ayant des décorations en fil argenté ou doré, tricoté ou brodé), des bijoux en or avec des pierres précieuses et semi-précieuses (un anneau sigillaire de Simion Stroici, des pigeons de filigrane utilisés en tant qu’aiguilles de rouleau, une broche pour les femmes, des bagues, des boucles d’oreilles).
Vers le milieu du XVIIe siècle, le monastère a bénéficié de l’intérêt de Vasile Lupu, qui refait les murailles et les tours et fait construire une seconde Maison princière, parallèlement à l’église, côté sud.
Le monastère a été probablement un important foyer de spiritualité, de ce point partant le chemin ecclésiastique des trois métropolites de la Moldavie, à l’exception de Grigore Rosca, qui lui-même accédera à cette dignité : Gheorghe Movila, dans la deuxième moitié du XVIe siècle et les premières années du siècle suivant, son successeur Teodosie Barbovschi, et dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, le renommé Dosoftei. Celui-ci consacrera le monastère et ses biens au Saint-Sépulcre de Jérusalem.
En 1863, le monastère est supprimé, à cause de la sécularisation initiée par Alexandru Ioan Cuza et Mihail Kogalniceanu. L’église devient laïque, et les bâtiments périssent complètement. Ceux-ci – probablement dégradés même dès le siècle précédent – se détruisent rapidement, beaucoup de matériaux étant utilisés par les habitants du village, eux - aussi libérés par les reformes de cette période-là.
Entre 1934 - 1937, la Commission des Monuments Historiques initie la restauration de l’église et de la Maison princière, par l’architecte Horia Teodoru. à cette occasion, le toit de l’église est refait, selon les mêmes formes, les fenêtres du pronaos et de la véranda sont ouvertes de nouveau et on reconstitue les formes gothiques selon le modèle des formes conservées au pronaos, mais qui avaient été cachées dans la maçonnerie qui avait diminué les creux vers l’extérieur, le socle est refait et la peinture extérieure est nettoyée partiellement.
En 1986, la Mitropolie de Moldavie et de Suceava approuve un projet de consolidation de la partie supérieure de l’église et de remplacement du toit de tamis par un toit en tôle, qui reprenne les formes des couvertures traditionnelles, compartimentées, des églises moldaves, des tableaux votifs.
En 1993, on a créé de nouveau le monastère en tant que bâtiment de religieuses.
En 1993, l’église du Monastère de Probota est inscrite sur la Liste du Patrimoine Mondial, dans le groupe des églises moldaves ayant des peintures murales extérieures. Suite à ce fait et grâce à l’intérêt de quelques spécialistes japonais, ce monument sera soumis à un ample procès de recherche, restauration et valorisation déroulé sous l’égide de l’UNESCO, co-financé par Japan Trust Fund for World Heritage et le Ministère de la Culture Roumain, procès déroulé entre 1996 – 2001. Le chantier de restauration de Probota a représenté une expérience unique tant par son ampleur, par l’approche interdisciplinaire des aspects de la recherche et de la conservation, par le caractère d’ « école – pilote internationale » pour les restaurateurs de peinture murale de Roumanie, Autriche, Italie, Allemagne, France, Pologne, la République Tchèque, Suisse, Colombie, par le financement et non dernièrement grâce à la qualité de la recherche, archéologique et d’histoire de l’art, que par l’intérêt pour la qualité de la documentation – pour la première fois totalement informatisée pour un monument roumain – et pour la publication d’un Livre du projet sous la forme d’une monographie, parue sous la protection de l’UNESCO.
Les observations faites à l’occasion des récents travaux de restauration ouvrent une nouvelle page dans l’histoire des peintures
murales intérieures et extérieures sous le règne de Petru Rares, et Probota – le premier ensemble découvert et conservé entièrement en conditions excellentes – est une pièce-clé pas seulement dans la découverte des nouvelles dates et faits, qui peuvent être interprétés, mais aussi à la découverte des nouvelles valeurs et beautés.

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